Le forum de l’ADF a eu lieu cette année aux Journées Dermatologiques de Paris (JDP), le jeudi 05 décembre 2024, de 16h15 à 17h45.
Modératrice : Catherine GOUJON-HENRY.
Coordonnateurs : Emmanuel DELAPORTE, Catherine GOUJON-HENRY, Armand Emmanuel KOUOTOU.
Salle : 242AB.
Résumés des communications orales retenues
Auteurs : Elissa Annabi1, Sandra Devatine1, Sylvain Chawki1, Hugo Law-koune1, Samia Hanane2,
Bahman Olfatpour3, Véronique Delcey1, Pierre-Olivier Sellier1, Jean-Michel Molina1.
- Département de maladies infectieuses et tropicales Saint-Louis/Lariboisière, site
Lariboisière, AP-HP, 2 rue Ambroise Paré 75010 Paris, Université Paris Cité.
- Laboratoire de parasitologie-mycologie, hôpital Saint-Louis, AP-HP, 1 avenue
Claude Vellefaux 75010 Paris, Université Paris Cité.
- Service d’ORL, hôpital Lariboisière, AP-HP, 2 rue Ambroise Paré 75010 Paris,
Université Paris Cité.
Introduction : L’histoplasmose est une infection fongique de porte d’entrée pulmonaire. Chez le patient immunocompétent, la primo-infection est le plus souvent asymptomatique.
Chez le patient immunodéprimé, des formes disséminées sont possibles. On distingue géographiquement deux formes : à Histoplasma capsulatum, très répandue aux USA et à Histoplasma duboisii, uniquement présente en Afrique sub-Saharienne tropicale.
Observation : Une patiente de 48 ans consulte pour des tuméfactions gingivales (supérieures et inférieures) et palatines, des adénopathies cervicales sensibles et une dysphonie dans un contexte d’altération de l’état général avec perte de 6 kg en 1 mois. Il s’agit d’une patiente auxiliaire de puériculture, sans intoxication alcoolo-tabagique. Elle a vécu en Côte d’Ivoire jusqu’à l’âge de 36 ans. On note dans ses antécédents une infection à VIH-1 diagnostiquée à 26 ans, n'ayant jamais été suivie ni prise en charge. Elle ne prendaucun traitement.
Cliniquement, la patiente est fébrile à 39,4°C et asthénique. L’examen dermatologique retrouve une hypertrophie gingivale avec des nodules individualisables violacés, associés à des papules bourgeonnantes non ulcérées du palais dur. On note des adénopathies cervicales supra-centimétriques bilatérales sensibles. La nasofibroscopie révèle des plaques hypertrophiques, bourgeonnantes de la muqueuse des fosses nasales et une lésion polypoïde du larynx gauche.
A la biologie, on note une anémie à 7,9 g/dL d’allure inflammatoire. La charge virale VIH est à 5,97 log10 avec un nombre de CD4 à 32/mm3. L’antigénémie galactomanane est positive à 5.12 (N <0,49) et le b-D-glucane est >523.4 pg/mL (N<59). La PCR sanguine Aspergillus fumigatus est négative. Le scanner retrouve une coulée d’adénomégalies cervicales bilatérales responsable d’une sténose de l’oropharynx.
La biopsie gingivale et ganglionnaire montre un infiltrat histiocytaire contenant de très nombreux micro-organismes prenant la coloration Grocott et PAS.
La PCR sanguine et sur tissu ganglionnaire est positive à Histoplasma capsulatum (Ct 37 et 20 respectivement).
Un traitement par Amphotéricine B liposomale 3 mg/kg/j IV relayé par Itraconazole et une trithérapie antirétrovirale ont été introduits. L’évolution clinico-biologique a été favorable.
Discussion : Devant ce tableau, plusieurs hypothèses diagnostiques pouvaient être discutées : une tuberculose ganglionnaire et ORL, une cryptococcose, une maladie de Kaposi, une lymphoprolifération EBV induite, une localisation muqueuse d’une hémopathie, un scorbut. Le diagnostic d’histoplasmose disséminée a été fait par technique PCR, bien que le gold standard soit la recherche de l’antigène par technique ELISA.
Conclusion : Une histoplasmose disséminée est à évoquer devant un tableau de lésions cutanéomuqueuses et multiviscérales chez le patient immunodéprimé ayant séjourné en zone d’endémie. Il existe des foyers d’infection à Histoplasma capsulatum en Afrique sub-Saharienne.
Mots-clés : histoplasmose disséminée ; infection fongique tropicale ; immunodépression
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : S.Baraz, R.Baba, M.Amraoui, R.Frikh, N.Hjira
Service de dermatologie-vénérologie, Hôpital Militaire Mohammed V RABAT
Introduction : La lèpre, ou maladie de Hansen, est une affection infectieuse chronique due au bacille
Mycobacterium leprae. Cette maladie se distingue par son tropisme pour la peau, les muqueuses (notamment la muqueuse oculaire) et le système nerveux périphérique. Malgré les progrès médicaux, le diagnostic de la lèpre reste complexe, surtout en cas de présentations cliniques atypiques. Nous rapportons ici le cas d’une patiente présentant des macules érythémateuses, révélatrices de la lèpre.
Observation : Une patiente marocaine de 53 ans s'est présentée en consultation dermatologique avec des macules érythémateuses disséminées sur tout le corps. Ces lésions, présentes depuis un an, étaient non prurigineuses, lisses, à contours flous et hypoesthésiques. La patiente ne rapportait aucun antécédent médical notable et ne présentait pas de symptômes systémiques associés.
L'examen physique a révélé des macules réparties de manière aléatoire sur le tronc, les bras et les jambes. L’examen dermoscopique a montré la présence d’aires jaunes avec des vx arborescents suggestives d'une infiltration cutanée granulomateuse. Une biopsie cutanée a confirmé cette infiltration, montrant des infiltrats granulomateux avec une inflammation lymphocytaire autour des capillaires étirés et des sections nerveuses, sans bacilles acidorésistants visibles. Les analyses bactériologiques répétées n’ont pas mis en évidence de bacille de Hansen.
Discussion : La lèpre, bien que rare dans les pays développés, demeure une maladie endémique dans plusieurs régions du monde, y compris certaines zones du Maroc. En 2020, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a signalé environ 200 000 nouveaux cas de lèpre dans le monde, soulignant que la transmission persiste dans certaines communautés. Au Maroc, bien que les cas de lèpre aient considérablement diminué grâce aux efforts de santé publique, la vigilance reste de mise, surtout dans les régions où la maladie a historiquement été présente.
La lèpre paucibacillaire (LPB) est caractérisée par une faible charge bacillaire et une réponse immunitaire cellulaire importante. Les manifestations cliniques incluent souvent des lésions cutanées hypoesthésiques, comme celles observées chez notre patiente. Ces lésions peuvent se manifester sous forme de macules érythémateuses, souvent mal délimitées et dépigmentées, ce qui peut prêter à confusion avec d'autres affections dermatologiques telles que le lupus érythémateux, la sarcoïdose ou la dermatite atopique.
Ce diagnostic différentiel est crucial pour éviter des retards diagnostiques et thérapeutiques.
Le diagnostic de la lèpre repose sur un faisceau d'arguments cliniques, histopathologiques et microbiologiques. Dans le cas rapporté, la présentation clinique de macules érythémateuses hypoesthésiques associée à l'infiltration granulomateuse à la biopsie cutanée sans bacilles acido-résistants visibles correspond à un profil typique de LPB. La négativité des analyses bactériologiques pour Mycobacterium leprae n'exclut pas le diagnostic, particulièrement dans les formes paucibacillaires, où la charge bacillaire est trop faible pour être détectée par les techniques classiques.
Les recommandations de l'OMS pour la gestion de la lèpre impliquent une trithérapie qui est très efficace pour réduire la charge bactérienne et prévenir la transmission de la maladie. La
LPB est généralement traitée par une association de rifampicine, de dapson et de
clofazimine pendant six à douze mois. Il est crucial de débuter le traitement rapidement pour éviter les complications et les séquelles neurologiques.
Conclusion : ce cas illustre la complexité du diagnostic de la lèpre paucibacillaire en raison de la variabilité de ses présentations cliniques. Les cliniciens doivent rester vigilants face aux éruptions cutanées inhabituelles et persistantes, afin d'assurer un diagnostic et un traitement précoces. Le dépistage précoce et la prise en charge appropriée sont essentiels pour éradiquer la lèpre dans les régions encore touchées, comme le Maroc, et pour améliorer les perspectives de guérison pour les patients.
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : E. Bouattour; H. Houda, C. Amal, M. Salima , R. Frioui3; A. Zaouak,S. Fenniche
Service de Dermatologie, Hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie
Introduction : La démodécidose est une ectoparasitose due à la prolifération du Demodex au niveau de l'infundibulum folliculaire et à son extension dermique. La démodécidose pigmentée (DP) est une entité récemment décrite. Le but de notre étude était de décrire les caractéristiques cliniques et dermoscopiques de la DP.
Matériels et méthode : nous avons réalisé une étude rétrospective sur une période de 2 ans, incluant les cas d’hyperpigmentation faciale secondaire à l’infestation par le Demodex ayant bénéficié d’une dermoscopie.
Résultats : dix cas de DP ont été recensés d’âge moyen de 41,6 ans et avec une prédominance masculine (n=8). La répartition des phototypes était : phototype III (n=3), IV (n=6) et une patiente de phototype V. Quatre patients présentaient des comorbidités : psoriasis (n=2), pemphigus vulgaire (n=1) et lichen pemphigoïde (n=1). Cliniquement, tous les patients avaient une hyperpigmentation brunâtre (n=7)
ou grisâtre (n=3), diffuse (n=4) ou localisée (n=6). Quatre patients présentaient des télangiectasies. Des formes secondaires étaient observées dans 8 cas, suite à l’application de dermocorticoïdes (n=6) ou à la prise d’immunosuppresseurs (n=2).
La dermoscopie révélait la présence des queues de Demodex chez tous les patients de densité variable : + (n=2), ++ (n=4), +++ (n=4). La sévérité de la pigmentation était de grade 1 (n=3) avec des points bruns prédominants ; grade 3 (n=5) avec des points et des globules de disposition réticulée interfolliculaire et grade 4 (n=2) avec une atteinte diffuse et dense, faite de points et de globules et de structures rhomboïdes. Tous les patients ont reçu de l’ivermectine 1% crème, seule (n=6) ou associée à la tétracycline (n=4) pendant trois mois. Un contrôle clinique et dermoscopique à la fin du traitement a révélé la disparition des Demodex et une amélioration de l’hyperpigmentation chez tous les cas, sauf pour une patiente qui a bénéficié de trois séances de peeling superficiel.
Discussion : la DP est une entité récemment décrite, souvent confondue avec la mélanose de Riehl en raison des similitudes cliniques, dermoscopiques et histologiques. Les images dermoscopiques de la DP déjà décrites incluent les queues de Demodex entourées par un réseau pigmenté réticulaire périfolliculaire. Dans notre étude, nous avons rapporté la présence de structures rhomboïdes. Le principal diagnostic différentiel est le mélanome de Dubreuilh. Il n’existe pas de consensus pour la prise en charge de la DP. Les traitements locaux utilisés sont l'ivermectine, le peroxyde de benzoyle, le crotamiton, le métronidazole et la perméthrine. Des traitements systémiques comme l’isotrétinoïne et le métronidazole ont été proposés.
Conclusion : la DP est une entité sous-diagnostiquée. Nous soulignons l’intérêt de la dermoscopie dans le diagnostic étiologique des hyperpigmentations faciales en général et de la DP en particulier.
Mots-clés : démodécidose, dermoscopie
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts
Auteurs : H. Majdoul1, F. Hali1, B. Baghad1, M. Diouri2, A. Messoudi3, M. Soussi4, F. Mernissi5, S. Chiheb1
CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
- Service de dermatologie-vénérologie
- Service de chirurgie plastique et réparatrice
- Service de traumatologie-orthopédie
- Service de parasitologie-mycologie
- Service d’anatomopathologie
Introduction : les mycétomes sont des infections chroniques parfois très mutilantes, de prise en charge difficile non strictement codifiée. Nous rapportons 3 cas d’actinomycétomes ayant bien évolué sous un même protocole thérapeutique conservateur, malgré l’indication de principe à la chirurgie radicale.
Observations : les patients (A), (B) et (C) sont de sexe masculin, âgés de 25 à 50 ans, tous d’origine rurale. L’anamnèse relève une notion de marche pieds nus (A), et un antécédent de traumatisme (C). L’examen retrouve un placard multinodulaire polyfistulisé avec émission de liquide séro-hématique contenant des grains blancs, siégeant au niveau du pied (A et B), ou occupant la quasi-totalité du membre inférieur (C). Le bilan d’extension retrouve, outre l’atteinte musculo-aponévrotique, une extension osseuse chez (A) et (B), en faisant ainsi des candidats à l’amputation. Dans une optique conservatrice, nous proposons un traitement médical associant terbinafine, amoxicilline-acide clavulanique et cotrimoxazole, combiné à un parage chirurgical avec antibiothérapie intra-lésionnelle. L’évolution est spectaculaire, avec un recul de 2 ans pour (A) et 3 mois pour (B) et (C).
Conclusion : le traitement des mycétomes doit toujours être médical dans un 1er temps, même dans les formes avancées ; la chirurgie ne se discutant qu’ultérieurement. Il demeure néanmoins difficile de juger de l’efficacité à moyen et long terme, car il n’existe à ce jour aucun critère biologique de guérison. De plus, les récidives après traitement sont fréquentes ; la surveillance prolongée après rémission clinique est donc indispensable, mais parfois difficile chez des malades originaires de milieux ruraux enclavés.
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts
Auteurs : Mbogning Maffouo LL1, Akakpo AS1, Teclessou JN2, Akolly DAE3, Gbeasor-Komlanvi FA4,
Kassang P1, Mouhari-Touré A5, Kombaté K2, Saka B1, Pitché P1
1) Service de dermatologie et IST, CHU Sylvanus Olympio, Université de Lomé, Togo
2) Service de dermatologie et IST, CHU Campus, Université de Lomé, Togo
3) Service de pédiatrie, CHU Sylvanus Olympio, Université de Lomé, Togo
4) Département de Santé Publique, Université de Lomé, Togo
5) Service de dermatologie et IST, CHU Kara, Université de Kara, Togo
Correspondance : lynneleslie3@gmail.com
Introduction : Les produits cosmétiques destinés aux enfants, en particulier pour les nourrissons, sont devenus courants. L’objectif de cette étude était de décrire l’utilisation des produits cosmétiques dépigmentants chez les enfants en Afrique subsaharienne et d’identifier les principales raisons justifiant le choix de ces produits par les mamans.
Matériel et méthode : Il s’est agi d’une étude descriptive réalisée de mai à juillet 2020 auprès des groupes de mères africaines. Un questionnaire standardisé a été développé sur « Google
Forms » et a permis de renseigner les informations en lien avec les données sociodémographiques, le mode de vie, les cosmétiques utilisées, la durée d’utilisation, etc.
Résultats : Au total, 447 enfants ont été enrôlés par le biais de leurs mères et recevaient une crème topique/ un lait / une pommade/ un savon. La majorité des enfants âgés de 13 mois à 5 ans (n = 203 ; 45,4%) était la plus représentée avec une prédominance féminine (sex-ratio F/H =
1,56). Les topiques (crème, lait, pommade) étaient constitués d’éclaircissants dans 2,7% (n=12) de cas à base d’extraits de plantes, d’acide de fruits, d’huile végétale, d’acide kojique et de la vitamine E. Les principales raisons justifiant le choix de ces produits étaient leur recommandation pour la peau des enfants (n = 244 ; 54,6%) et le désir de préserver le teint de naissance de l’enfant (n = 151 ; 37,8%).
Discussion : L’une des principales limites de notre étude était l’extrapolation des résultats à toutes les pratiques cosmétiques courantes chez les enfants d’Afrique subsaharienne.
Conclusion : Les résultats de cette étude montrent que le choix des cosmétiques des enfants est davantage porté sur la gamme de produits recommandés pour la peau des enfants. Il en ressort qu’il est nécessaire de mettre en place des stratégies de lutte contre les produits contrefaits.
Mots-clés : Enfant, cosmétiques dépigmentants, Togo
Déclaration de liens d'intérêts les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts
Auteurs : Insaf Moubine, Leyla Bendaoud, Nouhaila Bourht, Maryem Aboudourib, Ouafa Hocar, Said Amal
Service de Dermatologie, CHU Mohammed VI, Laboratoire bioscience et santé,
Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc
Introduction : le syndrome de Wells est une dermatose inflammatoire rare de pathogénie inconnue. De nombreux facteurs déclenchants ont été rapportés, notamment médicamenteux. Nous rapportons le cas d’une cellulite de Wells déclenchée par la prise de l’amitriptyline.
Observation : patiente âgée de 26 ans, suivie pour céphalées chroniques mise sous amitryptiline depuis 1 mois, ayant présenté 1 semaine après la prise médicamenteuse des plaques érythémateuses très douloureuses et prurigineuses des 2 membres inférieurs avec atteinte palmoplantaire. L’examen dermatologique avait retrouvé des plaques dermo-hypodermiques érythémato-violaçées siégeant au niveau de la face postérieure des cuisses, bilatérales et sensibles à la palpation, avec présence de lésions papuleuses érythémateuses infiltrées palmoplantaires très douloureuses. Le bilan biologique avait objectivé une hyperleucocytose à 11670/mm3 avec hyperéosinophilie à 4376/mm3, une VS élevée et une CRP négative. L’étude histopathologique de la biopsie cutanée avait montré un infiltrat inflammatoire polymorphe à prédominance éosinophile, s’étendant jusqu’à l’hypoderme en faveur d’une cellulite de Wells. La patiente a été mise sous corticothérapie orale 1mg/kg/jour de courte durée et dermocorticoïdes avec bonne évolution.
Discussion : le syndrome de Wells se manifeste par l'apparition brutale d'une ou de plusieurs plaques inflammatoires prurigineuses. Les signes généraux sont rares. Il existe souvent une éosinophilie sanguine et un infiltrat éosinophilique dans le derme avec une image histologique dite « en flammèche » non spécifique mais évocatrice. Il s'agit d'une réaction d'hypersensibilité de type IV chez des individus prédisposés avec un déséquilibre des lymphocytes TH1/TH2. Il peut être induit par des piqûres d’insectes, une prise médicamenteuse, des infections ou une vaccination
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts
Auteurs : L.N. Moumen* ; S. Hamzaoui * ; Z.Elosmani * ; N.Cheikh Bled* ; M.Benyettou ** ; A.Serradj*
*Service de dermatologie, EHU d’Oran
**Service de gastro-entérologie, EHU d’Oran
Introduction : la sclérodermie localisée (ScLo), également connue sous le nom de morphée, est une maladie fibrosante rare de la peau et des tissus sous-jacents. La sclérose est principalement limitée à la peau, mais des manifestations systémiques avec des anomalies viscérales peuvent survenir. (1)
Nous rapportons le cas d'un patient atteint de 3 types de ScLo : morphée généralisée unilatérale, syndrome de Parry Romberg et morphée en coup de sabre associés à une pseudo‐obstruction intestinale chronique (POIC).
Observation : un homme âgé de 52 ans a été adressé à notre service pour une sclérodermie généralisée unilatérale droite évoluant depuis 15 ans avec un syndrome de Parry Romberg de l’hémiface droite sans atteinte neurologiques ou ophtalmologiques, associés à une morphée en coup de sabre du scalp pariétal. Le bilan biologique y compris la numération sanguine complète, la fonction rénale et hépatique est revenue normal. Les anticorps antinucléaires et spécifiques de la sclérodermie systémique sont revenus négatifs. La capillaroscopie péri-unguéale n’a pas montré d’anomalies. Une biopsie cutanée a été réalisée au niveau du dos revenant en faveur d’une morphée.
Le diagnostic de ScLo associant 3 types a été retenu. Le patient a été mis sous colchicine et corticoïdes pendant 3 mois puis arrêté de son propre chef. Depuis un an, le patient a été admis 4 fois aux urgences chirurgicales pour occlusion intestinale sans obstacle mécanique. Il a présenté des symptômes de ballonnements, douleurs abdominales et de constipation. Le diagnostic de Pseudo-occlusion intestinale chronique a été retenu. Une biopsie colique a conclu à une colite collagénique (CC). Il a été mis sous des mesures hygièno-diététique.
Discussion : la coexistence du syndrome de Parry Romberg et de la morphée en coup de sabre est connue dans la littérature. (2)
Aussi, l’association d’une morphée en coup de sabre et d’une morphée en plaque a déjà été décrite par Roxana Mititelu et al. (3)
Cependant à notre connaissance, la coexistence des 3 formes de ScLo, comme c’est le cas chez notre patient, n’a pas été décrite dans la littérature.
Le risque de développer une atteinte systémique chez des patients atteints de ScLo est rare ; l’atteinte du tractus gastro-intestinal semble être exceptionnelle. Elle a été rapportée chez 1 à 5,1 % des patients et consistait essentiellement en un reflux gastrooesophagien et une dysphagie (1).
L’atteinte digestive type pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC) a été décrite dans la sclérodermie systémique (4)(5)(6), cependant elle n’a pas été décrite dans ScLo à notre connaissance.
Elle est caractérisée par des troubles de la motilité gastro-intestinale, ayant de nombreuses causes dont les pathologies auto-immunes. (4) Elle se manifeste sur le plan histopathologique par une colite collagénique (CC) dont le mécanisme physiopathologique repose sur des anomalies vasculaires et collagéniques, superposable à celle retrouvée dans la morphée. Asymptomatique dans plus de la moitié des cas, elle peut être gravissime en raison de la dénutrition. (4)
Notre patient présente la particularité de l’association de 3 formes de morphée et une atteinte systémique exceptionnelle type POIC.
Conclusion : nous présentons ce cas dû à la rare coexistence d’une morphée et d’une atteinte systémique type POIC, mettant en lumière la nécessité de la rechercher et de la prendre en charge précocement afin d’éviter les complications qui en découlent.
Références :
1 - Systemic involvement in localized scleroderma / morphea ; Anna Gorkiewicz-
Petkow MD et al. ; Clinics in Dermatology (2015)
2 - A review of Parry-Romberg syndrome ; Jessica El-Kehdy et al. ; J AM ACAD
DERMATOL ; (2012)
3 - Adult-onset en coup de sabre scleroderma in a patient with linear localized
scleroderma profunda: A case report and literature review; Roxana Mititelu et al. ;
SAGE Open Medical Case Reports ; (2021)
4 - Chronic intestinal pseudo-obstruction in adults ; A. Egal et al. ; La revue de médecine
interne; (2018)
5 - Chronic Intestinal Pseudo-Obstruction in Systemic Sclerosis: An Uncommon Presentation ; Jamil Shah et al. ; Case Rep Gastroenterol ; 12:373–378 ; (2018)
6 - Raising Awareness about Chronic Intestinal Pseudo-Obstruction (CIPO): A Case
Report Showing CIPO as Initial Manifestation of Atypical Seronegative Systemic
Sclerosis; J. Jäkel et al. ; Raising Awareness about… Z Gastroenterol ; (2012)
Mots-clés : Sclérodermie localisée (ScLo) ; Pseudo-occlusion intestinale chronique
(POIC) ; Colite collagénique (CC)
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts
Auteurs : Nafack Floriane sonia S¹, Tapsoba G. Patrice¹, 3, Ouédraogo N. Amina¹, 3, Ouédraogo
Muriel S.¹, 3, Ouangré/Ouédraogo Angèle¹, Korsaga/Somé Nina², Barro/Traoré Fatou
3 Dabilgou T. Anselme2, 3, Niamba Pascal¹, 3.
1Service de Dermatologie-Vénéréologie, Service de neurologie, CHU Yalgado
Ouédraogo, Ouagadougou, Burkina Faso
²UFR/SDS, Université Joseph Ki-Zerbo, Ouagadougou, Burkina Faso
Auteur correspondant : Nafack Floriane Sonia : soniafotso91@gmail.com
Introduction : Le lupus érythémateux systémique (LES) est la première connectivite rencontrée en dermatologie. L’atteinte neurologique notamment les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et les myélites sont rares. Nous rapportons un cas de neurolupus compliqué de paraparésie.
Observation : Patiente de 23 ans, célibataire, nulligeste, sans facteurs de risques cardiovasculaires. Elle est hospitalisée en 2017 pour un érythème malaire en vespertilio, des macules achromiques cicatricielles des coudes, une hypotonie, des troubles sphinctériens, dans un contexte d’altération de l’état général survenu deux mois après la mise sous corticothérapie générale pour un LES. L’examen neurologique notait des convulsions généralisées, une paraparésie, puis une tétraparésie, des myoclonies, une incontinence anale, et une dysarthrie. Les Ac antinucléaires positifs à 640 U/mm3, Ac anti DNA natifs à 40 U/mm, et les Ac antiphospholipides étaient négatifs. L’IRM cérébrale objectivait un AVC ischémique dans le territoire des artères cérébrales moyennes et l’IRM médullaire notait une myélite subaiguë. La protéinurie à 7,2g/24h.Le diagnostic de neurolupus était posé. Un bolus de corticoïde, cyclophosphamide, clonazépam, enoxaparine, étaient institué. L’évolution était défavorable avec un syndrome confusionnel, un coma modéré et plusieurs escarres motivant l’arrêt du cyclophosphamide et la prescription du mycophénolate de mofétil pendant 6 mois, des bolus mensuels de corticothérapie et des plasties fasciocutanées.
Après 4 mois, l’évolution était favorable avec une reprise de la conscience, la récupération de la force musculaire aux membres thoraciques, la cicatrisation des escarres. L’IRM encéphalique de contrôle était normale. La paraparésie persistait 7 ans après son neurolupus.
Discussion : les manifestations neuropsychiatriques peuvent faire évoquer une cause infectieuse ou hypertensive. Les atteintes systémiques associées et l’activité immunologique étaient en faveur du neurolupus.
Conclusion : les AVC et les myélites sont des manifestations neurologiques graves et rares du lupus occasionnant des séquelles comme la paraparésie malgré un traitement précoce et adapté.
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : Ngom NB 1, Fall Lahla 2, Diadie S4, Diop A3, Diallo M 4, Ly F 3 ,
- Service de Dermatologie de l’hopital Youssou Mbargane Rufisque, Sénégal .
- Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte, Fann, Sénégal.
- Service de Dermatologie de l’Institut d’Hygiène et Social, Sénégal.
- Université Cheikh Anta Diop Dakar ,Sénégal.
Introduction : l’association lèpre et DCV est rarement rapportée.
Objectifs : déterminer la fréquence de la DCV chez les patients suivis pour lèpre, décrire les aspects épidémio-cliniques et thérapeutiques et de déterminer l’impact de la DCV sur la lèpre.
Population d’étude et méthodes : étude transversale descriptive et analytique avec un recueil prospectif des données et avait réuni les patients entre le 01 janvier et 31 mars 2023.
Nous avons utilisé le test de khi2 pour voir une différence statiquement significative p<0,05
Résultats : la fréquence de la lèpre et DCV était de 30% (24 /80).
Le délai diagnostique 1-10 ans représentait 58,3% (n=14) et celui supérieur à 10 ans représentait 12,5% (n=3). Invalidités de grade II 45,8% (n=11) et Réaction Lépreuse 75% (n=18)
L’aggravation des lésions était notée chez 66,7% (n=16) et l’atténuation des lésions chez 50% (n=12).
Toutes les patientes avaient reçu la PCT anti-lépreuse.
Il y’a un lien statistiquement significatif entre les complications et les types de produits utilisés (p=0,031).
Conclusion : la pratique de la DCV modifie les lésions et retarde le diagnostic de la maladie ce qui met en jeu pronostic vital et fonctionnel toute fois la PCT reste toujours efficace et la prévention par information éducation et communication
Mots-clés : Lèpre, Dépigmentation Cosmétique Volontaire, Sénégal
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : Toure Mariama Saliou
1 : Service de Dermatologie Vénérologie, CHU de Conakry
2 : Faculté des Sciences et Techniques de la Santé, UGANC
Introduction : L’ecthyma gangrénusum (EG) est une entité anatomo-clinique lié à une infection cutanée bactérienne le plus souvent dû au Pseudomonas aeruginosa à l’origine d’une nécrose localisée. Il survient à tout âge et tous les 2 sexes sont concernés avec une prédominance chez les immuno-déprimés de 62 à 75%.
L’objectif était de décrire les aspects clinique et évolutif de cette pathologie.
Observation : Patient de 22 ans dépisté à l’infection par le VIH1 sous traitement ARV reçu dans notre service pour des multiples ulcérations douloureuses, céphalées et fièvre évoluant 2 mois environ. A l’examen général, on notait une fièvre à 38.5°C, FC= 100 batt/min, TA= 120/70mmhg.
A l’examen dermatologique : on notait de multiples ulcérations creusantes disséminées sur le tégument prédominant au cuir chevelu, visage et aux organes génitaux externes saignant au moindre contact nécessitant une siture parfois.
Le diagnostic d’ecthyma gangrenosum a été confirmé par la biopsie et la culture et notre patient à bien évolué sous antibiothérapie.
Discussion : écthyma gangrenosum (EG) est une infection cutanée bactériémique, dont le germe le plus fréquemment responsable est le Pseudomonas aeruginosa, qui se propage de manière hématogène dans les capillaires, envahissant la média et l'adventice des artères et des veines. Pour cette raison, l’EG est associée à une mortalité importante due à une dissémination sanguine conduisant dans un état de choc septique.
Conclusion : écthyma gangrenosum survient majoritairement sur un terrain particulier se manifestant par un syndrome infectieux associé à des ulcérations creusantes. Un diagnostic et un traitement rapide sont essentiels pour réduire la mortalité.
Mots-clés : Ecthyma gangrenosum, Dermatologie-Vénérologie, Donka
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : HFP. Andriatahina1, TI. Razafimaharo2, O. Raharolahy1, FA. Sendrasoa2, SL. Ramily, VT. Ratovonjanahary2, M. Sata3, MF. Rakotoarisaona4, NH. Razanakoto2, M.
Andrianarison4, IM. Ranaivo3, LS. Ramarozatovo1, F. Rapelanoro Rabenja2
1 Service de Dermatologie-Médecine interne, Pavillon Spécial A CHU Befelatanana
Antananarivo
2 Service de Dermatologie CHU Befelatanana Antananarivo
3 Service de Dermatologie CHU Morafeno Toamasina
4 Service de Dermatologie CHU SSPPA Antananarivo
Introduction : Les réactions lépreuses sont des complications immunologiques qui peuvent apparaître avant, pendant ou après le traitement de la lèpre. Chez les enfants, leur fréquence varie entre 1,36 % et 8,33 %. Elles constituent une urgence thérapeutique. Nous rapportons ici deux cas de réaction lépreuse chez des enfants.
Observations :
Cas 1 : Une fille de 8 ans présentait des macules hypochromiques sur les membres depuis 4 ans, associées à des lépromes des lobules des oreilles et du visage, ainsi qu’à des troubles de sensibilité des extrémités. Son père, ancien lépreux, avait été traité et déclaré guéri 2 ans auparavant. Le tableau clinique et la bacilloscopie à 3+ permettaient de poser le diagnostic de lèpre de type borderline lépromateuse. A 2 mois de polychimiothérapie antilépreuse, un oedème inflammatoire des quatre membres et une hypertrophie douloureuse des nerfs cubitaux sont apparus, en faveur d’une réaction de réversion. D’où, la mise sous corticothérapie à 0,5 mg/kg/j, avec amélioration des symptômes après 1mois.
Cas 2 : Un garçon de 12 ans présentait des macules hypochromiques depuis 10 mois, associées à une hyposensibilité palmoplantaire. Devant le tableau clinique et une bacilloscopie à 4+, une lèpre borderline lépromateuse était diagnostiquée. Après 3 mois de polychimiothérapie, un œdème inflammatoire des extrémités, une inflammation des anciennes lésions cutanées et une névrite des nerfs cubitaux étaient apparus, indiquant une réaction de réversion. Une corticothérapie à 0,5 mg/kg/j était initiée, avec amélioration des symptômes après 2 mois.
Discussion : La lèpre chez l’enfant indique la transmission de l’infection dans la communauté. L’œdème chez un lépreux est un symptôme des états réactionnels.
Chez l’enfant, les réactions sont rares, avec une prédominance du type 1. La corticothérapie est le principal traitement, avec une amélioration si la prise en charge est adaptée et précoce. Toutefois, un retard dans le traitement augmente le risque de séquelles.
Mots-clés : Lèpre, Polychimiothérapie multibacillaire, Réaction de réversion
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Auteurs : F.Hali, Y.Mahdar, R.Bousmara, S.Chiheb
Service de dermatologie, CHU Ibn Rochd
Introduction : Les épidermolyses bulleuses héréditaires (EBH) sont des génodermatoses caractérisées par une fragilité cutanée et/ou muqueuse. Des études ont montré l’efficacité et la sécurité de la gentamicine pour la cicatrisation des lésions chez les patients atteints d’EBH type dystrophique. Nous rapportons deux cas d’EBH dystrophique ayant bénéficié d’un traitement intraveineux par gentamicine.
Observations : cas 1 : Patiente de 16 ans, suivie pour une EBH dystrophique, se présentant pour des lésions bulleuses tendues à contenu séro-hémorragiques des membres, des plis et de la partie anogénitale. La patiente a reçu le sulfate de gentamicine à la posologie de 7,5 mg/kg/jour pendant 14 jours. A partir du J10 de traitement, on notait une cicatrisation rapide des lésions. Le score d’activité EBDASI était passé de 256 à 106 à J21 et 53 à M3 et le score DLQI était passé de 13 à 3. Aucun effet secondaire n’a été observé.
Cas 2 : patiente âgée de 5 ans, suivie pour une EBH dystrophique. Elle présentait des bulles et érosions post bulleuses des membres et des plis associées à une atteinte unguéale. La patiente a reçu le même protocole. Le score d’activité EBDASI est passé de 113 à 106 à J21 et 57 à M6. Le traitement n’a pas été efficace sur l’atteinte unguéale. La patiente ne présentait plus de signes de surinfection sur une durée de 6 mois.
Discussion : des études récentes ont démontré que la gentamicine est efficace dans les EBH dystrophique, permettant l’induction d’un ARNt dans les mutations non-sens lors de la traduction et la production d’un collagène VII fonctionnel. Le traitement parait suspensif, on recommande ainsi des cures répétées.
Déclaration de liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'Intérêts